Billet 1 - Un changement de paradigme pour répondre aux besoins passés

La formation à distance n’est pas un phénomène récent au Québec, car les étudiants québécois peuvent recourir à ce mode d’apprentissage depuis plus de 40 ans. Par contre, la venue des technologies a drôlement accéléré et rendu disponible ce mode de formation sous diverses formes.

Le rapport qu’entretiennent les étudiants avec leurs études contribue également à l’ascension de ce mode d’enseignement. Selon un rapport annuel du Conseil supérieur de l’éducation, «Bon nombre (d’étudiants) entretiennent plutôt un «rapport aux études non traditionnelles», de par l’occupation d’un emploi, de responsabilités parentales, un cheminement à temps partiel ou un parcours de formation irrégulier. Bien que ces réalités ne soient pas récentes, elles apparaissent aujourd’hui avec une intensité particulière».

Depuis plusieurs années, je me questionne sur le futur des apprentissages (sous toutes ses formes) et plusieurs auteurs en font référence (dont Sir Ken Robinson) (RSA Animation. 2010) : La scolarisation est-elle garante d’un travail ? À quoi ressemblera l’université de demain ? La pédagogie sera-t-elle dévalorisée ? Comment les étudiants de demain apprendront-ils, avec quels outils technologiques et comment les stimulés (Prensky (2001)) ? Plusieurs questions de toutes sortes qui viennent me chercher au quotidien.

Le savoir est un besoin naturel, mais est-ce le cas pour tous les individus ? L’utilisation des technologies d’apprentissage amène-t-elle un rapport de force individuelle ou collective ? Lévy (1997) fait référence à trois facteurs soit 1) la vitesse d’apparition et de disparition des savoirs 2) nouvelle nature du travail dont la part de transaction de connaissances ne cesse de croître 3) les technologies amplifient, extériorisent et modifient le nombre de fonctions humaines. Selon moi, les savoirs peuvent donc être partagés par un grand nombre d’individus et peuvent accroître le potentiel d’intelligence collective des humains. Le rôle est donc partagé entre les enseignants et les apprenants.

Selon la revue The Economist en 2014, «l’enseignement supérieur est sur le point  de connaître un tremblement de terre… Trois vagues de perturbation menacent de renverser les moyens mis en place pour l’enseignement et l’apprentissage. Sur un front, une crise de financement a créé un manque à gagner (ce que nous vivons au Québec). Au même moment, une révolution technologique conteste le modèle d’affaires de l’enseignement supérieur. Ces perturbations financières et technologiques coïncident avec une troisième grande vague : alors que les universités ont été utilisées pour éduquer seules une infime élite, elles sont désormais responsables de la formation et la reconversion des travailleurs tout au long de leur carrière. Comment vont-elles survivre à cette tempête ?

Les universités ont considérablement simplifié leurs opérations et leurs actifs (mon devoir de comptable surgit), et en même temps ont pu intégrer partiellement de nouveaux mécanismes d’enseignement et d’apprentissage, assurer une meilleure présence sur les marchés et ont répondu à un minimum d’attente des parties prenantes, afin d’obtenir un impact significatif à court terme. La formation à distance a connu un essor important et rapide dans plusieurs régions du monde, car le marché mondial de l’apprentissage à distance, incluant la formation créditée et continue, a atteint 35,6 milliards de dollars en 2011 et l’on anticipe une croissance annuelle de 7,6 % pour des revenus estimatifs de 51,5 milliards en 2016 (E-Learning Market Trends & Forecast 2014-2016). Le besoin est donc omniprésent.

Au département des sciences comptables de l’ESG, nous avons mis en place des cours hybrides à l’automne 2015. L’offre de cours n’a pas été faramineuse, mais les résultats obtenus de la part des apprenants furent aux mêmes niveaux que les apprenants qui ont suivi les mêmes cours offerts non hybrides. Malgré tout, la conception de cette utilisation n’avait pas été, au départ, pensé et étudié très attentivement. On voulait principalement un  changement pédagogique pour contrer une certaine concurrence et de donner une nouvelle voie aux apprenants, sans plus. Nous sommes donc passés d’une forme magistrale à une forme semi-magistrale. Tout un changement pour les comptables !!!!!!

On doit maintenant revenir à l’arrière et valider notre position du départ afin de progresser vers le futur et non de régresser vers le passé. Apprendre à marcher n’est pas évident, réapprendre à marcher est encore moins évident.

Références :

Conseil supérieur de l’éducation, Rapport annuel de gestion 2013-2014, p.15.

E-Learning Market Trends & Forecast 2014-2016 Report, a report by Docebo, March 2014.

Ernst & Young’s, University of the future, 2012.

Lévy, Pierre. (1997) Cyberculture. Éditions Odile Jacob, Paris.

Magazine The Economist, no 950, 28 juin 2014.

Prensky, M. (2001). Digital Natives, Digital Immigrants. On the Horizon, 9(5), 1-6. http://www.marcprensky.com/writing/Prensky%20-%20Digital%20Natives,%20Digital%20Immigrants%20-%20Part1.pdf

RSA Animation (2010).  Sir Ken Robinson. Changing  Paradigms.

«https://www.youtube.com/watch?v=zDZFcDGpL4U». Consulté le 20 septembre 2016.

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